Pourquoi parle-t-on encore de nation aujourd’hui? (lecteur, si tu le sais, je t’en prie éclaires ma lanterne!)
Y’en a marre! La nation, c’est ce concept complètement galvaudé, nuisible et puant qui conduit chacun à aimer son petit entre-soi. La nation, c’est quelques mecs qui ont décidé de planter un drapeau sur un tas de sable, et qui, après s’être en bonne et due forme étripés quant à l’ornement que le-dit drapeau doit arborer, tracent des lignes imaginaires en se pavanant.
La nation sera toujours trop petite pour l’humanité.
La nation sera toujours ambiguë, parce qu’elle contraint chacun dans les limites du dedans et du dehors. La nation fait un groupe près à se diviser puis à se subdiviser, puis à s’atomiser. La nation est archaïque et périmée. Laissons donc cette très vieille femme édentée s’en aller.
La nation, à la rigueur, passe pour un sentiment vaguement lié à l’identité…Mais sérieusement, toi et moi, nous définissons-nous par rapport à elle? Ah non, je ne le crois pas!
Tu peux venir d’une terre, d’une terroir, d’un certain village, d’un arbre et d’un ruisseau, et cet arbre et ce ruisseau peuvent faire ton identité. Mais la nation? Allons! Nous avons déjà maille à partir avec ce grand dadet d’Etat, que l’on peine à rendre de droit, alors que ferait-on de la nation?
La nation est-elle même compatible avec la république? La chose publique, le bien commun, suppose une ouverture à l’humain et à sa valeur, à l’humanité et à sa vocation, que la nation, peut-être, contredit.
Comment peut-on encore parler de nation aujourd’hui? (lecteur, si tu veux bien, n’employons plus ce mot!)
Valériane Des Voiles
Illustration: La Rue Montorgueil, de Monet