Ironie distrayante du chemin arpenté. Il contraste néanmoins avec le vide éprouvé quand on se rend compte que l’on s’est perdu. On ne sait même plus comment on en est arrivé là mais forcer de constater cruellement le résultat. Il y a toujours ce brouillard si épais que l’on ne peut retourner sur ses pas. C’est pourtant ce que je tente de faire, sans courir et se manger un mur inutilement, mais à la frontale, tête baissée, avec pour seules preuves ces minables traces accablant le sol de son passage. Alors l’effroi d’un tel franchissement se mêle au soupir d’exaspération, et le dépit se mêle avec l’envie de découvrir l’horrible que sa propre personne a su faire rejaillir, comme des photos de lendemain de soirée qui te brûlerait les doigts de honte, et qui se fondent tout à coup à un tableau de Van Gogh, à ne plus se reconnaître. De ce miroir aux ombres il faut pourtant oser, sous peine de tomber indéfiniment. Redessiner les contours de sa caricature, quitte à jouer quelques bémols. Tracer des gros traits quitte à faire mal à l’écorce, pour ne pas forcément se démarquer des autres, juste se retrouver.

 

Sam Lebrave

Inspiré du tableau Le Cri …. d’Edvard Munch 😉 qui illustre aussi le texte