Capturer ton parfum. Cloison nasale harponnée et ancrage mémoriel, un didacticiel sensoriel, on inspire et on la laisse filer, en réflexe inné de la plus douce des œuvres. Ne plus parer l’évident et se rendre aveugle, à tes gestes, à ta cambrure, à l’heure où les mains mutent et les vœux se focalisent, se pétrifient, à rendre le derme à l’état de croute, inerte et argile. On épure les lignes, on coupe les conversations et on factorise les souhaits à ne répondre de rien.

Blocage et inaction. Persuadé que la moindre contraction musculaire relaxera l’instant et laissera échapper le volontiers retenu. Il ne reste qu’une vague couleur de robe, une longue chevelure quelconque, le flou a gagné les sens et me laisse sur mes fins à lécher les embruns. Et on reste là, à reluquer la proue et le charme de l’idée persistante, à l’anglaise se retirer. Le vent a filé, la coque est maintenant enlisée. On regrette et on divise, prier, urger le temps ou se casser, bouger de là en s’arrachant les membres, se mouvoir hors du bocal agité.

La prochaine marée est venue, curiosité de l’essence, elle n’a rien emporté. Ni toi, ni la glaise, ni le corail qui s’est faufilé. Et ton odeur est comme ces animaux qui nichent comme les Hobbits retranchés dans les Ents, aux creux de mes tympans, et dans mes os, et dans ma peau, je m’en sens presque responsable maintenant. Oser l’importance de les couver et ne pas jeter en pâture les brebis égarées de mon âmes, tenter le diable et les sauver, leur laisser les portes de mes enfers entrouvertes, les laisser s’évader.

 

Sam Lebrave

 

Illustration: Pixabay