Trausse’s breakpoint

Texte écrit sur deux étés… Tout un exercice…

C’est l’endroit où je me pose, chaque été, comme Jacky Pic à son camping des flots bleus, rituel aoûtien pour une âme perdue. L’étirement, de soi et du temps, en guise de repos. Des plaies et du vin pour cogiter, comme si j’en avais vraiment besoin. Une overdose de vacances, à dormir un jour sur deux face à ce mur de posts it, chacun avec une idée noire à ronger. J’aurai manifestement besoin de plusieurs pèlerinages pour dénouer les ficelles rouges et détacher les photos et ranger le placard. Devant le barbeuc le feu attise les moments propices à la remise en question, je déterre les indices laissés ça et là dans ma cervelle… Rappeler un pote qu’on a manifestement blessé, qui nous a éminemment blessé, mais la douleur des siens marque plus facilement et irrite, le faire. Une amitié à récupérer, j’ai pas envie d’appuyer sur le mauvais côté de l’embarcation, tant l’édifice penche. Il était temps de s’en rendre compte, tant les fissures devenaient béantes. Le soleil et la drague perpétuelle, le vu et revu, les jeux de personnalités m’exaspèrent, je les balaye du revers sans ménagement au jeu du swipe chill, l’attrait de la photo facile, la pose et tout est factice, sauf le temps perdu à regarder le synthétique qui attire comme un bonbon qui pique. Le temps de s’en rendre compte, la tête, comme la dent a déjà trop morflée. Je ne sais pas s’il y a jeu, de reproduction, mimer mes habitudes, mes désirs pour que je m’entiche, ou est-ce vraiment une âme qui s’exprime, une personnalité qui est bien mienne à dompter tant je l’ai rejetée, à crainte de faire partie du troupeau des ânes. C’est une partition joyeusement rythmée de guitare et de cendre, juste des mots, et rien du tout, ou seulement de la bave. Suis-je égoïste si je ne l’essuie pas, une empreinte pour une mémoire, désireux de garder tout ce qui me traverse, y compris cette joyeuse duperie, elle est mienne.
Les brunes qui agacent et les questions qui se posent au fur et à mesure que l’ordre des choses et la paix établie vacillent. Le processeur crame à ses alentours, et la fumée nous fait voir les choses plus claires. Les yeux s’électrisent à chaque passage, sans frottement ça s’allume. Sans zone d’attraction, plein phares et les sourires se déploient. C’est le jeu de l’allumette, j’essaye de la garder au près de mon cœur tant que mes doigts ne brulent pas. Et si je lâche, que se passe t-il ? Ça fait plouf ou ca s’embrase?

Sam Lebrave