A chaque fois que je me couche au clocher j’ai la haine à rebours, la constatation présente et la réparation future. Les trous sur les portes de ma main adolescente, ont été à peine rebouchés, encore voyants et pas encore oubliés. Les plantes grimpent au toit, pas de splendeur sur les jardin suspendu, on est pas à Babylone. Une main verte aux mauvaises herbes qui les font pousser en douce et chérissent la ronce, à faire baisser prématurément la lumière du jour. Les volets tirent la gueule et paradoxalement ce qui devait nous cacher de la nuit a laissé place à un losange difforme qui ne sait plus se tenir. C’est avec amertume que je recense les preuves de mon inaction et de ma fuite. Une érosion qui érige ses pentes en fruits, du sable et du non souffle, le suc des baffes et des souffrances infantiles. Des pluies se sont abattues sans qu’aucune fuite ne soit comblée, en dégât des eaux à ma chair et les mots salubres qui s’écrivent ne font pas crever les barrettes. Ces quelques clous qui m’esquissent ne me réveillent guère, ce n’est pas faute d’avoir donné des coups de marteau sur le torse obscur du bois mort, rongé par les parasites et devenu incolore. Plus de manche à relever et ca me manque, de temps et de cran, de tendresse personnelle, pour ne pas tomber dans les planches. Qui m’aime ne me suivra pas dans les combles, ici où je suis seul membre absent, puissant à tout faire, faible à tout croire, et fort dans l’attente.

Sam Lebrave

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