Ci dessous le commencement d’un travail de pastiche, écrit en collaboration avec Jim. Âmes sensibles, prenez garde: les lignes qui vont suivre sont de mauvais gout, d’une vulgarité écœurante et pour tout dire, elles espèrent vous déconcerter un peu. 

Chapitre 1: Michelle ma pas belle

Michelle n’était pas exactement une beauté, mais tout le monde, car tout le monde l’avait testée, appréciait son professionnalisme. Du coup, elle était invitée partout, en boîtes miteuses surtout, mais parfois en extra pour des soirées où au moins on ne faisait pas que semblant de copuler. Du cul, on pouvait la reconnaître tant sa croupe était admirable, charnue comme si elle était toute fabriquée en billes de polystyrène à mémoire de formes. D’ailleurs, elle était banale. Mais elle jurait comme personne aux instants cruciaux de l’existence d’un homme, et c’est ce qui lui avait fait une solide notoriété dans le milieu, et même sur les bords.

Alors ce soir c’est soirée égyptienne. Une bande de gros lards qui veulent baiser en se cultivant. Histoire de voir si le nez de Cléopâtre était si long, et si une perruque et du Rimmel ne leur irait pas bien. Voilà donc nos gonzes du rotary et du lion’s dans une sacrée soirée de bouillie de poils et autres, avec Michelle en train de gueuler qu’elle va les faire bander à s’en péter les couilles, « par le prépuce d’Horus », c’est une pro je viens de te le dire. Dans le thème jusqu’au bout. Son injonction s’adresse plus particulièrement à un gars bien bâti et masqué, et tout encostumé encore. Le bonhomme s’est planté de costume avec sa cravate au milieu des simili plastrons dorés et des demi pagnes. Michelle le laissera pas faire! Elle l’entraîne dans un coin et le monsieur décidé apparemment à ne pas foutre en l’air l’ambiance, mais à plutôt foutre la maîtresse de cérémonie, ouvre à peine son futal et se saisit de son membre comme s’il tenait un club de golfe. Lui doit être du rotary se dit Michelle en constatant sa classe.
Mister tiger Wood met sa balle dans le green avec un air d’avoir mis les couverts chez Rothschild. Il a fait le 18 trous d’un seul coup. Notre héroïne se pâme. Elle est fatiguée.

Il faut même qu’elle aille se recrêper la perruque aux toilettes.

C’est là qu’elle gueule, encore, mais pas sur le même ton que d’habitude. Là dans les chiottes, eh oui c’est cliché mais attends voir la suite ce sera pire, se trouve un zig qu’elle connaît pas (premier fait choquant pour elle), et qui a été saigné comme si on avait voulu refaire le coup du sang dans le nil (ça c’est le second choc). Les plaies d’Égypte, cherchez plus, elles sont sur la gueule de ce type.

C’est en tout cas comme ça que j’ai présenté le dossier à la team ce matin.

Tu me connais cher lecteur. J’ai beau être la meilleure enquêtrice de Paname, je ne fais rien sans ma grosse.
Je sors donc mon bigo, et j’appelle le monstre.
« Oh l’engin ramène ce qui te sert d’arrière train : y a un gars à qui on a refait la trogne façon Picasso période cubique. »
Alors la grosse, si tu ne la connais pas, c’est mon acolyte, mon excroissance graisseuse, mon furoncle, mon yang. Tout ce que personne ne veut pas admettre de la méchanceté de la nature. Elle m’est tombée dessus, au sens propre du terme, lors d’une enquête à Venise (tu cours t’acheter mon book, « le con descendant de Venise » à la même édition). Je passais sous le pont des soupirs en gondole, et là, la grosse tombe à quelques centimètres de ma barque tarabisquée, créant une vague de tsunami, ah la scélérate! Que l’agence italienne de sismographe étudie toujours. Elle pensait mettre fin à ses jours misérables en sautant du pont. Elle n’avait pas calculé que souvent à Venise coulait de l’eau sous les ponts. Du coup je l’ai prise sous mon aile, bien que prise sur le coin de la tronche également. Malgré un physique repoussant, elle était dotée d’une force de caractère absolument incroyable. Ce qui en fit une partenaire prédestinée. Sa pilosité exacerbée et son grain de mocheté sur le nez, attiraient tellement l’attention qu’en sa présence je pouvais vaquer à mes occupations de façon discrète, voire onze-crète, « au nez et à la barbe » de son auditoire. A se demander si cette expression avait été conçue en hommage au laidron sus mentionné.
Bref. Revenons à notre Picasso.
En le regardant de plus près, quelque chose me sauta aux yeux (comme tu pourrais lire dans un roman de Marc Lévy ) : une carte de visite était à moitié insérée ou à moitié sortie, dépend comment tu le prends, de sa braguette. Dessus était écrit :  » MENVUSSA Gérard – courtier en assurances  »
Je tenais le « bambou » comme disait la grosse.

L’affaire me disais-je-t-il, sera chiante et vite réglée…c’est vrai quoi, un peine-à-jouir d’assureur ça me les brise. Pourtant faut bien que Berthe et moi on aille au bureau de l’assureur, histoire de mener l’enquête, qui est à plus de sept lieues. Et après je te le donne en mille faudra qu’on torche le nez d’une veuve pour lui tirer les vers dudit, et savoir si un amant sagouin traînait dans le coin. Routine quoi.
À reculons, mais dans le bon sens, nous v’là en route dans ma twingo. Quand ma grosse Bertha monte dedans on dirait un bateau vietnamien façon boat people.
On arrive à l’agence des assureurs… et elle ressemble à une agence d’assureurs. Qu’est ce que tu veux que je te dise cher lecteur? Y’a des endroits comme ça que même Baudelaire ne pourrait pas rendre gracieux. Une salle d’attente avec une chaise qui te dis déjà qu’au moment où tu t’assoies dessus tu te fais entuber. Du coup je m’assois pas.
Le mec qui nous reçoit, c’est un certain Yvan Duvent. À voir comme il me relouque dans ma robe, parce que dessus ça lui servirait à rien, je devine qu’il sera con-tent de nous répondre. À moi et mes nibards, pas à moi et Berthe tu t’en doutes.

« Antonia, agent spécial » comme j’aimais à me présenter. Je ne voyais pas pourquoi les bouffeurs de burgers outre atlantique, ils pouvaient se la ramener avec du « FBI », « CIA » et tout ça alors que moi je devais me cogner un « police nationale » depuis qu’on nous avait même retiré le titre d’inspecteur…
« Et voici l’agent « double » … (J’adorais ma petite blague, fort heureusement personne ne notait que je ne finissais pas, le tas ne faisant même pas partie de la police.)
« Monsieur Duvent, que pouvez vous nous dire de votre collègue Menvussa? »
Le gonze ne parut pas plus surpris que ça, et nous répondit simplement
-« Euh…en fait , vous vous êtes juste trompées de bureau, celui de Gérard est à côté, il est en rendez vous, je suppose qu’il vous recevra ensuite »
La grosse et moi nous sommes jetés dans la tronche une sorte de regard incrédule que seuls les cocus arrivent à obtenir de leur moitié infidèle, prise sur le fait.
Toi lecteur de grande littérature, tu réfléchis, plus vite que ma pomme, enfin c’est ce que tu te dis. Du coup, si le macchabée n’est pas Menvussa, c’est que c’est lui le sculpteur sur tronche? Et qu’il est assez con pour laisser sa carte de visite dans la braguette du défunt? Et tu crois vraiment que mon éditeur va accepter une enquête résolue en 8 pages? La c’est te fourrer l’avant bras dans le moyen intestin! T’es bien loin du compte… Et dis toi surtout quand tu as des bonnes idées comme ça, que la grosse Berthe et moi, on aura toujours un coup d’avance sur toi. T’y peux rien. C’est le jeu.
Et ça tu vas t’en rendre compte dans le chapitre suivant : l’assurance de l’assureur.

 

Chapitre 2. L’assurance de l’assureur

-« Qu’est-ce qui nous bar à Gouines ce pédé? chante Berthe, qui a toujours les mots pour le dire. « C’est d’abord toi qu’on interroge mon con alors réponds n’à la dame, Duvent! On ira parler à ton collègue quand t’auras fait les présentations! Et n’oublies pas de nous parler aussi de sa bite. Avec ta bouille de théière ch’suis sûre que tu la connais pas mal! »
Avec une acolyte du genre, en plus d’avoir l’air distinguée, je gagne du temps. Sauf la fois où on a enquêté au bureau LGBT à Paris.

J’ai qu’à jeter un œil avec un mouvement du menton en direction de notre type pour confirmer les dires de mon quintal.
-« Il est arrivé dans la boîte il y a un mois seulement. Il a été placé là par le grand patron de notre firme, alors tout le monde est aux petits soins avec lui. Et moi aussi. Ma place n’est pas très sûre dans la boîte alors je fais ce que je peux pour plaire à mes supérieurs ». Je souris pour l’encourager à parler, mais alors à l’intérieur je bouillonne. C’est répugnant d’être une pareille couille-molle. Il poursuit en rougissant le non-burné: « Mais avec Gérard ce n’est pas trop difficile: il est très bcbg et agréable. Bien sous tous rapports ». Mouais…Pour un gars dont le nom se trouve mêlé à un sordide dégueulassage de water à l’hémoglobine dans une partouze à thème, pas sûre que la dernière affirmation soit judicieuse.
ça remue dans la case d’à côté, on va pouvoir vérifier ça nous mêmes.
Le Menvussa c’est vrai qu’il est bel homme, bien peigné et rasé de près. Il sent l’eau de Cologne et son costar est un peu trop bien taillé pour un assureur de bas étage. Dans un coin de son bureau, un set de clubs de golf. C’est bon j’ai saisi le tableau.

La vieille qui lui tenait la chandelle depuis notre arrivée se décida enfin à partir.
C’est le moment que choisit la grosse pour aller carrer son postérieur dans l’un des fauteuils trop étroit faisant face à notre suce-pet numéro uno.
Je lui emboîte le train, comme dirait l’autre.
Bizarrement, c’est en m’asseyant que m’est venue une subite pulsion sexuelle…un truc étrange. Le temps de me demander pourquoi, je réalisais que c’était mon bigo en mode vibreur, que j’avais calé dans la poche avant de mon jeanslimtaillebasse. J’hésitais un instant à le sortir tant la sensation était agréable, mais le devoir appelant, je répondis.
Il semblait que Menvussa savait qu’il n’avait pas affaire à de simples clients car il ne mouffetait pas. La grosse lui jetant un regard sensuel, type bovin devant un film ferroviaire.
C’était Mireille, du labo. Elle m’appelait pour me donner l’identification de la victime.
-« C’est pas Menvussa » me dit elle. « Ah dommage, sinon je lui aurais demandé ce que ça fait d’être dezingué au cutter, parce qu’il est devant moi à l’instant même »
-« C’est un certain Némarre.. Pdg d’une boîte de papier hygiénique, héritier d’une fortune semble t’il plus que correcte » suivi de quelques banalités…
Et ben voilà. Je l’avais ma première question!
-« Monsieur Menvussa, vous savez qui nous sommes? Police. Connaissez vous Monsieur Némarre ? »
Il ne parut pas impressionné du tout.
-« Jean?? Mon pote Jean? Bien sûr que je le connais, c’est un très bon ami, il est passé pas plus tard qu’hier pour me demander d’assurer son bateau! Pourquoi vous me demandez ça? »
La grosse n’avait rien suivi, elle semblait être passé du mode séduction au mode focalisation sur une vieille boîte de gâteaux trônant sur une commode… Je ne pourrais rien tirer d’elle sur ce coup.
-« Monsieur Menvussa, votre ami, Némarre a été retrouvé mort. Hier. Au café de la gare. D’une façon peu banale dirons nous. Votre carte de visite trônait sur son cadavre. Peut être avez vous quelqu’idée de ce qui a pu se passer, à commencer par ce que vous faisiez hier soir? »
Il nous conta tout son planninge, corroboré par les agendas, les collègues et plus encore… Il semblait dire la vérité.
Il semblait en revanche peu surpris par sa mort et encore moins par la méthode. Ça « attira des puces dans mes oreilles » comme disait la grosse.
Nous primes congés et direction le bureau.
En cherchant un peu, il se trouvait que les deux lascars avaient fait leurs études ensemble, et qu’ils faisaient partie d’un même club pour adultes consentants, bien porté sur la chose… Sorte de loge à part, non reconnue par le grand Orient, mais composée de francs maçons essentiellement mais pas que… Il fallait creuser par la.
C’est ce que je fis. Le tas, étant déjà en train de compenser sa chute glycémique par l’absorption de pain de mie trempé dans le sirop de grenadine. Pas la peine de perdre son temps à diluer avec l’eau comme elle disait.

C’était sa madeleine de Proust mais sans rechercher le temps perdu. Comme quoi, la grosse et sa connerie m’en apprenait tous les jours! J’en étais à ce point de ma gamberge quand la lourde s’ouvre. Ze boss lui-même (him-self en anglais….mais c’est con non de préciser parce que si un zig se pointe c’est toujours « lui-même »! t’imagines un peu la gueule des romans si quand un gugusse se ramène bah en fait c’est un autre?) radine sa poire. Et elle est plutôt au vin que belle-hélène.
-« C’est la merde! on a une nouvelle oeuvre d’art contemporain sur cadavre….le problème c’est que ça s’est passé dans les chiottes de la sorbonne et que c’est le fils du ministre de l’intérieur qui a découvert la scène….Le bambin est choqué et son daron voudrait qu’on mette la vitesse supérieure. Alors bougez tous vos miches, on a ordre de mettre tout ce qu’il faudra en place pour coincer le flingueur des waters. Vous comprenez mes abrutis?!? Tout ce qu’il faudra! On va pas s’emmerder avec les paperasses et la loi…c’est clair? alors au bouillon ». Puis vers moi « Antonia, tu gères! Zou! » en frappant ses deux mains.
Le boss au cas où que tu le connaîtrais pas, c’est un chiart de sept ans et demi dans la peau d’un vioque de 90 piges. J’l’aime bien, mais sans déc’ il mouille son slip quand les adultes du gouvernement lui adresse un ordre ou la parole, ce qui va souvent ensemble chez ces gens-là. Il a plus que trois tifs qu’il coiffe sur le côté, et son corps, même s’il a de beaux restes, c’est des restes surtout. Ce serait qu’avec les yeux fermés, et en le laissant habillé pour ne pas sentir sa peau flasque (comme dirait amélie nothomb) qu’on pourrait se mettre au pieux avec. Moi qui me rêvait plutôt avec un chef à la 007, je repasserai!

J’attrape mon impert pas parce qu’il pleut, mais parce que je trouve ça classe, et ma Berthe. Et on file aux gogues de la faculté de droit, histoire d’admirer en live le chef-d’oeuvre. Et on n’est pas déçues.
Assis sur un lavabo comme sur le trône, un gars donne dans le tripes-tease. Autant dire qu’il a salopé son costard trois pièces…D’ailleurs c’est pas vraiment une manière de se saper pour un étudiant, même dans ce trou à rats de fils à papa de mes deux, avec polo rose ou bleu sur les épaules, pantalon à pinces beige et pompes à glands pour têtes de nœud. Je me souviens d’un au lycée qui était dans ce goût là : « Moi, quand je suis trop vénère, j’écoute Zucchero à fond… » Tu comprends pourquoi je préférais être pote avec les loubards en scooter. Sans compter que les petits méchus, c’était les plus tarés du zob. Pour bander il leur fallait du lourd de crade.
C’est à ça que je pense devant notre foire au boudin.
Berthe, elle, elle souffle, parce que ça pue, mais pas que. y a un truc qui la chiffonne et comme elle est aussi secrète que la touffe de katsuni, elle va pas tarder à m’en faire part.

« Regarde le chibre du mec » me dit elle.
Ce, qu’effectivement je n’avais pas eu le « réflexe » de faire.
Le mec avait la braguette ouverte, en sortait un micro penis. Ma première pensée fut que la grosse Berthe ne s’en serait pas contentée, et c’est pour cela qu’elle me faisait la réflexion.
Il n’en était rien. Sous le chauve à col roulé se trouvait une nouvelle carte de visite.
Ça ne m’enchantait guère de tripoter le gland d’un cadavre, mon expérience nécrophile s’étant limitée à faire une turlutte à un mort , la plus longue jamais réalisée , sachant que je me suis aperçue que mon partenaire d’un soir, s’était envolé pour d’autres cieux, au bout d’un temps certain. Rendant à ma turlutte un caractère divin .
Je me remémorais mes parties de Mikado, et retirais la carte sans faire bouger le penis en question, peut être pour les besoins de l’enquéquete, dixit le monstre. Ce qui ne servit à rien puisqu’elle le pris à pleine main afin de voir depuis quand il était mort.
« Si ça bande encore c’est moins de 10 minutes, si c’est chaud moins d’une heure » me dit elle sur un ton sérieux. La médecine légale étant son nouveau « Bobby » comme elle le disait, pensant faire référence à son partenaire canin quelques années plus tôt. J’en apprenait tous les jours.
Sachant que le corps avait été découvert il y a 3 heures, je laissais la grosse s’entraîner mais sans en attendre grand scoop.
J’espère cher lecteur que tu es bien assis, car il risque de t’arriver des bricoles sinon.
Je retournais la carte et te le donne en mille : « Yvan Duvent – Courtier en assurances »
Ben ça. J’avoue que ça me clouait.
Fallait que je pose mon cul quelque part et que je gamberge.
Ce que je faisait, séance tenante, sur le trône faisant face au lavabo, support de la nouvelle œuvre de notre tueur.
La grosse était toujours en train d’ausculter, sous tous les angles le penis du défunt. Sans aucun doute sa nouvelle passion pour la médecine légale…plus rien ne m’étonnait.
« Essaye de pas lui coller trop d’ADN sur le gland, où va encore falloir que je fasse des rapports pour prouver que tu n’as pas eu de rapports avec le gars justement »
Ou en étions nous?
Deux cadavres. Même mode opératoire. Trouves dans des gogues. Deux cartes de visite. Ramenant à cette boîte d’assurance.
Le tueur nous passe un message. Ok. Certes. Mais lequel?
« T’as une idee la grosse? »
« Bah non mais je peux te dire un truc, c’est que ce mec a eu la bite fourrée dans un truc avant sa mort, j’y goûterais bien pour te dire mais kek’chose me dit que c’est périmé, et j’voudrais pas tomber malade, on sait pas où il a traîné ce degueulasse »
L’autopsie nous apprendra plus tard que la grosse avait raison. Il y avait des restes de bouffe sur le chibre du mec. Encore un truc à élucider et la je t’avoue que pour l’instant je sèche.
On va donc retourner voir nos assureurs. Je ne vois que ça.
C’est en partant que ´quelque chose m’est venu’, d’habitude ce sont mes amants qui utilisent ce terme. Je vois le fils du ministre, celui là même qui a découvert le corps si jamais t’as déjà oublié, qui « dépose » auprès de brigadiers consciencieux.
Et si il y avait un lien entre ceux qui découvrent les corps?
Je vais voir le zig, et rapidement il m’avoue qu’il est un habitué des petites sauteries de La Sorbonne, mais qu’il ne connaissait pas la victime.
Au moment où il commence à parler, je le vois blanchir,’jaunir, pâlir, transpirer et plein d’autres trucs. Un homme se trouvait derrière moi.
« Bonjour Madame, je suis Vincent Dessans. Doyen de la faculté, que puis je pour vous? »

Il prends un ton de vendeur de campings cars sur la côte d’azur. Je sens que ce guignol ne va pas m’amuser. Mais je vois bien aussi que c’est pas en lui rentrant dans le lard que je vais en tirer quelque chose. Je me déhanche, pour mettre en valeur mon boule! Ce sera déjà ça pour le mettre dans ma poche très serrée. Je bats des cils.
Me juge pas, j’te jure si t’étais tanké comme moi tu utiliserais aussi ce don de mère nature!
Je suis pas écolo: je trie pas mes déchets, sauf si tu considères que la ribambelle de mes ex en sont, mais dans ce cas c’est toi qui portera le chapeau de ce jugement!. Je laisse couler l’eau quand je me brosse les dents, mais ça doit être compensé par le fait que je pisse sous la douche. Bref les verts c’est pas pour moi, mais je dois quand même dire que la nature c’est bien. Quand t’as qu’à te montrer « avenante » comme on dit dans le bts commerce de ma cousine, pour qu’un male, ou occasionnellement une femelle, ouvre plus grand ses écoutilles quand tu parles, ben c’est utile. La nature a bossé pour que ça m’aide dans mon boulot.

Le doyen est tout ouïe, et tout couille.
C’est le moment d’attaquer:
-« connaissiez vous la victime? »
-« évidemment non! », me lâche-t-il. Évidemment! Faut que je sois plus subtile avec ce spécimen.
-« pourriez vous m’indiquer les personnes ayant accès aux locaux de votre faculté la nuit? » Je dis ça avec un ton de féline en détresse. C’est du grand art que je bricole. Rien qu’avec la voix, lui mettre en tête tout ce qu’il pourra me mettre.
Ça y est il mord!
-« mais bien sûr! J’ai une liste dans mon bureau! Suivez moi Je vais vous la montrer ».
Comme sa formule l’indique, on ne sait pas très bien s’il parle encore de la fameuse liste.
Je lui emboîte quand même le pas, tout en me disant que ça va être coton de l’appâter sans enlever mon jean, en coton aussi.
Heureusement la grosse nous suit de loin, avec son pas lourd et lent, bien que l’invitation de monsieur Dessans ne visât que moi! (Tu vois que je parle correcte, et que mes bouquins, bientôt, tu les liras dans le tram sans cacher la couverture!)
Il monte un escalier classouille. Ouvre une porte idem. Passe dans un couloir orné de bustes en plâtre façon renaissance à petit budget et se plante enfin devant une lourde ornée d’une plaque qui a dû coûter le prix de l’étage. Ce qu’on dit sur les mecs à grosse plaque c’est la même chose que ce qu’on dit sur ceux à grosse voiture.
Il marque un temps d’arrêt, et paraît surpris de voir Berthe pointer le bout de son immonde pif. Je remarque, parce que c’est mon job, une pointe de dépit dans son regard. Il avait tout prévu mais pas ça, pas ma Berthe. Il a l’air con.
Se ressaisit et ouvre son putain d’appart particulier-bureau.

(on continuera que si t’en veux encore! ou alors on continuera et on te le dira pas!)

 Jim et VDV

illustration: détail d’une couverture de Tank Girl par Jamie Hewlett