Tes mots sont encore là, près de mon cœur comme encore tracés, ensablés sur une digue. Personne ne craint rien, le bonheur est sauf et la vallée salue son appui. Un grain qui ne s’est ni retiré, ni lavé. Un ciment, une superposition de tes sourires. Ça anime les instants sacrés, pas passés mais inscrits. Les eaux révèlent les diamants et les ambres, le sillon est faible mais tenace, inépuisable comme un ruisseau de montagne. Il ne laisse personne indifférent, on s’y rafraichit si facilement, on voudrait s’isoler et rester loin du campement. Je tamise, avec minutie les lettres et débusque des pépites, des aveux et des bras, pas d’enquête dans la caresse, arpenter les contours, toujours cet attrait pour l’affect et les points de non retours. Dégrossir? Qu’à cela ne tienne, s’il faut creuser pour te trouver, qu’on me donne une pelle, ébouriffée et usée, elle ne coupe même plus, mais elle fera l’affaire. Même la pioche que je serre est si plate qu’elle ressemble à s’y méprendre à un marteau, alors je ne fracasse pas la pierre, mais elle vibre. Tu vois ce n’est pas une entreprise de destruction, c’est de la musique. J’ai beau frapper sur les tambours, la réverbération, le retour d’onde et le spleen se font attendre. Mais la patiente est dans l’âme du chercheur d’or, qui ne croit même plus en sa folie, mais qui continue à gratter le fond du bol, ou c’est souvent merdique, et gris, et sombre. C’est aussi là aussi où l’étincelle surgit, et la vie change.

Sam Lebrave

Illustration: pixabay