La prêtresse me dévisage. Elle me fait entrer dans son office, jamais je n’aurai trouvé endroit aussi livide en telle circonstance. Tout de suite elle me toise. Tout de suite elle me corrige à chaque mot qui ose passer le pas de ma glotte, discussion glaciale. Climat et confiance ainsi installés, je dois ôter chaque couche, tout en ayant envie de garder miennes ces perles qui me transpercent d’une douleur sans nom. Les minutes s’étirent à leur maximum et chaque coup d’horloge, chaque coup de phalange augmente l’impression de me faire palper comme un citron trop mûre, où seule une ristourne « vite fait bien fait » en se tapant dans la main pourrait me faire dégager de l’étalage. Et donc naturellement le malaise s’installe. Malaise de l’attente, de l’échange qui n’a jamais lieu, comme si l’étreinte s’était jouée sur un coup de dé. J’étais le dernier choix, on s’émeut de la structure du chapiteau, de la chanson de geste comme des figures imposées, une exécution sans lyrisme.
La magie n’a pas lieue.
Sam Lebrave
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