Les maoris sont partis, au tour des vikings…

A ces hordes jadis sauvages maintenant enviées, ce peuple que notre culture déterre et allègrement pille pour mieux nous engourdir, en injectant des semblant de valeurs et d’âme à nos piètres spasmes infectés.

Au moment où j’écris, je suis cerné. Victime d’une de ces ironies du sort, une orgie de signes, qu’on me retire les yeux si je ne les ai pas vu, avec la lourdeur d’un train de cargaison me sifflant à la tête, convoi qui mène aux runes, aux géants de glace et aux légendes vikings. Il fallait réagir!

Les époques reculées nous ont laissé légendes et mythologies (serais-ce un teasing vers l’antiquité, qui sait?). Plus j’avance et je trouve que tout y était écrit. Et que rien ne justifia les essences qui se succédèrent, si avides de sang et de discorde, d’influence et de propagande, comme une ombre qui s’étend.

En quelques heures il m’a été permis de lire, Merci Neil Gaiman (1), de jouer, merci Hellblade (2), d’être envoûté, merci Assanssin’s creed Valhalla (3) ou bien de regarder, merci la bien nommée série Vikings. Au delà de la surenchère de références, j’y ai vu les travaux d’orfèvres, à nous raconter ces histoires des temps passés mais qui brutalement me conquirent. Une évidence. Les dieux nordiques sont incroyablement le reflet des hommes, de leur sagesse à leur folie. Rien n’est figé, surtout pas de bien, ni de mal, ni de mort d’ailleurs. Nous avons tellement de mal à nous libérer de ces carcans tant de siècles plus tard, les bases étaient pourtant là. Que ce soit Odin, Thor ou Loki ils ne feraient meilleur homme dans la fourberie et dans la vaillance, dans l’étonnement et la trahison. Le refrain commençait à prendre forme. Fallait-il les écrire? Ces lettre qui se sont propagées comme supérieures? Ces versets de domination et ces louanges de malheur?

Peut-être les contes sont ils trop terriens, ils ne renvoient que trop aisément cette image de l’homme à lui même, sans filtre mais non dénuée de mysticisme et d’incompréhension. Que fut-il reproché à ces dieux? Ils ne se sont visiblement pas élevés assez haut, n’ayant pas assez assujetti les ouailles. Liberté quand tu nous tiens, malheureusement il faut rêver pour être beau. N’en a t-on pas voulu? Tant on a cru à de plus grosses sornettes.
Ces dieux furent oubliés, gardés dans les sceaux, dans les reflets des fausses pièces en bronze et dans les divagations des transes incomprises.

Réduire l’astreinte et l’étreinte, les chaînes et l’emprise, n’est-ce pas le don ultime? N’est-il pas le chemin le plus court vers sa propre perception et sa propre connaissance?

Je ne suis pas nostalgique, regarder en arrière n’est qu’une utopie déjà accomplie, et déjà saccagée, mais il y a dans ces fouilles ancestrales de la valeur intrinsèque, de la chaleur humaine et qui sait le soleil voudra nous montrer son autre facette, celle qui nous fait sortir de la nuit sans flambeau ni artifice. Je veux dire par là ne rien renier et tendre à se chérir. En retraçant ces péripéties, apprendrons nous à oublier les pénitences et les prières, s’excuser, génération après génération de fouler cette Terre? Nous assumer, et nous dépasser.

Sam Lebrave

(1) Référence au livre de Neil Gaiman « La mythologie viking »
(2) Référence au jeu vidéo « Hellblade » et la magnifique histoire psycho-mythologique de Senua
(3) Référence à la bande annonce du jeu vidéo « Assanssin’s creed Valhalla ».

Je l’ai déjà dit, viking+viking+viking=????

Illustration: Pixabay