A gros bouillons, l’eau claire coule. Le bleu, c’est elle. Le vert, c’est elle aussi. Et l’ocre et le brun, et la lumière. Vince est parti seul, presque au hasard. Les chemins se croisent, et là où les cailloux roule, là où l’eau gronde, il se taille une route. Un peu ivre de cette grande « aventure » (qui se durera deux heures), Vince pense à ses désirs, à son désir, sève fraîche de son grand corps d’argile et de nickel.

Aux marmites, la terre est rouge et les arbres sont blancs. A gros bouillons la sueur coule. L’odeur, c’est elle. L’amer, c’est elle aussi. Et l’effort et le rêve, et chacun des pas de Vince. Il cherche l’endroit de la photo…Mais que fait-elle là? Il en est certain, c’est elle! La fille de l’aquarium se tient au milieu du gué; il voit son dos. Il change de direction.

Dans les marmites, à gros bouillons, les rêves pour les couillons! A gros bouillons, « mes rêves à moi ». Gigantesque machine à se laver, à rafraîchir les os usés, la marmite rendra à Vince sa virginité. (Mais son prochain rêve de nouveau, lui volera sa pureté) Pourquoi la fille est-elle là? Ce n’est pas que Vince ait peur de lui parler: simplement il tient à prendre le temps de la réflexion. Il faudrait la maltraiter un peu, histoire qu’elle comprenne qu’ici elle n’a pas sa place. Et puis elle est belle, il faudrait donc certainement l’humilier. Vince n’aura qu’à l’ignorer (voilà c’est ça!).

A gros bouillons, l’eau coule. Le temps c’est elle. Le vide, c’est elle aussi. Au lieu d’être bêtement infini, elle se glisse dans ses lits de pierre, en moulant sa profondeur et sa couleur sur l’intensité du courant. Vince voudrait être un homme bien.

Valériane Des Voiles