Le son de Sam #19 : Orel et le rap à papa

« Seul avec du monde autour… »

Si le rap est devenu rap à papa, à cheveux blancs et aux sermons incessants, ça tombe bien j’en suis devenu un, forcément ça me parle. Avec ironie tu me fais encore voir que je suis la cible. Elle est collée sur mon front comme pour me dire que je serai le prochain. Dans chaque film, musique ou pub cette impression, autant te dire que ça sent le sapin. Dans la plupart en fait je culpabilise car je suis hypnotisée en bonne pompe à frique, vas y achète tout ce qui sent bon les 80’s, la bonne madeleine bien grasse et bien juteuse. 40 ans, l’age de raison peut être, l’age de casquer assurément. Quand à toi, je sais pas, c’est comme si tu avais un plan, peut être pas prévu mais réalisé ou en cours de construction. Avoir fait des débuts moyens et là en cette décennie tu captes tout, l’ère, l’instant et tous les enjeux. Comme faire des navets pour bouffer avant de palper des chefs d’œuvres, en vrai qu’est-ce qu’on retient? Qu’il faut brasser la merde avant d’effleurer les étoiles. Comme si pour kiffer il fallait que ça pue toujours un peu…
Ce qu’un mec moyennement con, ou moyennement doté peut penser. Objectifs, missions de vie, l’air du temps, les relations, les meufs et les relations compliquées, le fait de sans cesse tout niquer et devoir tout le temps assumer, gérer la honte, des autres et la sienne, sans cesse ne pas être persuadé, tu cernes tout comme un alambic d’émotion, un génie du mal (c’est toi qu le dit), ou un rappeur gourou. Fais gaffe les hommes aiment bien suivre ce genre de délire…

continuer malgré tout…
« La fin du désert se cache peut être derrière chaque dune », « Rien à faire sauf d’avancer »…


Plus simplement tu me fais rire, me fais réfléchir, me fais faire un bilan sur ma vie. Une connexion de génération, de ressenti (« l’odeur de l’essence »), d’inspiration, qu’un mec retranscrive ça aussi fidèlement, les punchlines huilent ce qui se passe entre mes deux hémisphères, tout concorde, en fait tout s’apaise.
Je suis même choqué que tu aies capté la génération d’après, celle qui t’écoute sagement, alors que la notre aurait envoyé bouler chaque donneur de leçon. C’est peut-être que tu n’es pas que ca. Tu retranscris assurément leur mal-être, et la non place que leurs aïeuls leur réserve. Filer deux trois tuyaux est en fait un début de confiance. A l’opposé de la génération BFM, éternelle juge, qui ne voit que des faignants et des incapables dans le monde d’après, aspergés de cette fameuse « essence ». C’est d’ailleurs en t’écoutant que je m’en suis en quelque sorte lavé. 40 ans c’est aussi où on se fige si on ne se mobilise, coincé entre son pavillon de proche banlieue et son PEL à sauvegarder, le vent ordonne « vers de la droiture toute », c’est pas facile au pas de filer. Merci donc de m’avoir rattrapé.
J’y ai saisi une bannière enfin, un drapeau. Pas une nation, pas une terre ni une religion, mais quelque chose à se raccrocher. C’est surtout une évidence par rapport à ceux qui ne proposent rien et qui briguent des mandats sans idée. Place à prendre, surtout à garder. Alors continue, on pourrait y croire, et même espérer!

Sam Lebrave