Pour Montherlant,
Le bout du monde est une tête d’épingle. L’archi-sommet d’un cône, ridiculement petit pour sa base immense. Au bout du monde, l’ailleurs devient un minuscule point d’horizon sur lequel on s’est assit. Un coin aussi fermé que ceux qui, dans les maisons, font les endroits sombres où l’on puni les enfants.
Du bout des lèvres au bout du monde, ils échangent trois mots et deux baisers. Les bouches tendues, justes et professionnelles, se mêlent sans passion, pour aimer l’instant, sans plus. Une minute sans plus. Un morceau de temps dans cette parenthèse de l’espace. Se tenir l’un à côté de l’autre, mais chacun pour soi, puisqu’ils sont si loin. Ils n’ont rien en commun, mais ils écoutent le même disque, et le vent, et les embruns…Ceux du bout du monde se fixent dans la contiguïté nécessaire de ce mouchoir de poche, que l’on prend pour un autre monde. Au bout du monde, on fait semblant de jouer. On joue à s’aimer un peu.