Je te suis depuis quelques temps, je te piste, à moitié conquis, à moitié influencé, mais comme le diable qui est dans les détails de ta prose je ne plis tout à fait. Pourquoi recrutes tu? Le but? Un nihilisme communautaire qui fait un doigt au monde entier? La tentation est tellement grande, nous sommes tous las du chemin qu’on nous fait prendre, là où on nous a parqué comme des bêtes, des traitres, ou des fous alliés, à moitié puritain, à moitié juge du quotidien, à moitié mateur et à moitié putain. Le moment est beau, le repli est omniprésent, le coup du destin, la force du marteau de Thor éclabousse et la direction que pointe le manche te souris, il me fait sourire également car je crois que tu es la quintessence de ce qui est naît et jeté dans le fleuve, toujours cette même histoire, elle n’est vraisemblablement pas figée. Est-ce une prise de pouvoir? Tu utilises la bienveillance qui guide les curieux mais je décèle la froideur, la haine et surtout le tri, des entrepreneurs, des justes, des torses bombés, ça sent le bombers et le cuir. Es-tu seul? Ou un pion qu’on a pris et qu’on agite? Un ménestrel aux airs sinistres qui joue sa partition de flûte à la perfection. Ça inspire, ça attire mais je ne me laisse pas piquer ni endormir. Suis-je fou? De goûter à ce vin et me sentir assez puissant pour ne garder que l’arôme et purger la merde, ne pas me laisser enivrer? Naturellement je recule devant l’hérésie que l’histoire a déjà su freiner. La mode des alphas et de la chair pure me rebute. L’idée que je ne suis pas un homme, et que je le serai si je te suis me dégoûte et trahis le venin des paroles. Mais ça fait vaciller ceux qui était à côté de toi dans les paniers en osier. Ton charisme est réel, et ma crainte est grande de voir mes frères succomber à la tentation, ceux qui vont à la soupe en fermant les yeux sans regarder l’assiette, qui quittent allègrement une geôle pour une prison, et se tirent du précipice pour sauter du haut du canyon.

Sam Lebrave

Illustration: Le célèbre Mr propre de 1958