Oh bonheur de fin d’année aux douces senteurs d’été!
La chaleur s’est installée, laissant s’envoler notre envie de bosser.
Parent appliqué, sur ton frigo tu as marqué cette date à ne pas manquer: la kermesse de fin d’année.
Moment de convivialité? Ou manque de vitalité dont tu seras vidé à l’image de ton porte-monnaie?
Avoue peu à peu que pour éviter le porte à porte de ta progéniture tu as, sans protester, acheté pas le tiers ni la moitié, mais la totalité du carnet de tickets, espérant au fond être déjà rentré quand les lots de tombola seront tirés.
Sur un papier, tel un QCM à compléter, tu as coché les cases qui feront preuve de ta bonne volonté:
Cuisiner cake sucré ou salé, ramener à l’école quelques gobelets peu écolos en plastoc?
D’année en année ta damnée volonté ne s’est donc pas améliorée puisque tu envisages juste le sac en toile de jute qui fait mine d’être bondé de bons plats mitonnés. Mythomane tu es!
Jour J ça y est tu y es!
Ayant oublié combien l’école était peuplée, tu tardes à partir, faute d’être motivé.
Hop en voiture, on sera plus vite arrivés!
Après avoir tourné plus qu’une girouette face au vent déchaîné, tu renonce avec difficulté aux places handicapées et te fais à l’idée de visiter la fourrière suite à cette soirée car ce trottoir n’était clairement pas adapté à l’arrêt.
Enfin cette sacrée cours de récré. Drôle de curiosité, c’est un bruyant ouragan créé par ceux qui y font leur scolarité.
Tes yeux transformés en deux lasers sont maintenant capables de transpercer les densités pour repérer ton enfant adoré.
Tu découvre lassé qu’il a délaissé sa capacité à marcher pour courir, seule manière ici de se déplacer.
La tombola est passée, ton espoir de rentrer a cessé, ta patience a trépassé. Force est de constater que ton capital chance n’aura encore pas été dépensé pour ces lots insensés (contrairement à l’espèce dans ta bourse percée).
Prenez donc place, le spectacle va commencer!
La sono siffle comme un serpent à sonnette alors que les maîtres de cérémonie en binôme, perdent leur bonhomie face à leurs voix non amplifiées. Quelle ignominie!
Non sans accrocs, ils tapent du doigt sur l’escroc micro: « On m’entend là? » Rien n’y fait.
Plus de méfaits que d’effets lorsque les aigris héros ont, de leur gré, tenté de bouger les rebutants boutons de la table de son.
Pas de coup d’état qui mettrait fin à la fiesta mais un coup de génie qui trouva Le bon bouton.
Comment savoir qu’avec « off » ou « on » ça fonctionne?! La torpeur de l’action l’emporta sur la réflexion…
Bref, passons aux génuflexions des premiers élèves en exhibition.
Les numéros s’enchaînent, danses et chants peu enchanteurs, et pour toi le sort s’acharne…
Qu’ils sont mignons ces chérubins, ils dansent si bien!
Une chorale s’est maintenant formée de trente enfants offrant trop riche polytonalité. Tu restes poli mais préfèrerais être alité.
La bande son permet de reconnaître le chant supposé être interprété.
Une maîtresse, non sans stress, fend l’air de ses bras pour donner du rythme à l’air sans haut ni bas.
Chaque numéro vit son lot de téléphones se lever pour immortaliser l’instant sacré: « Mon enfant y était, qu’importe la qualité ».
Un tonnerre d’applaudissements vint clore les festivités.
Quelques heures se sont écoulées, il est temps de rentrer pour essuyer les colères des enfants épuisés.
« Issa missa est » la ker-messe est dite, vivement l’été prochain pour la redite.
Mélodie