Los Angeles dégage comme prévu une atmosphère de carte postale. Depuis la décapotable, on voit défiler les palmiers, plantés en rang d’oignons, longs et maigres, symboles usés de l’éternel été. En rang d’oignons aussi les maisons, pavillon défraîchit ou villa clinquante, les unes après les autres alignées, les hommes faisant avec l’espace ce que la nature a ici fait avec le temps. Ils l’ont enflé et dilaté, étalé comme une pâte brisée. Ils ont moulé une mégapole dans un plat de montagnes et d’océan.
-« Qui veut une part?
Et avec ceci quelques starlettes? quelques paillettes?

Pas de « non merci » qui tienne! Sur le Santa Monica Piers, tu es Brandon et je suis Amanda. Le parc d’attraction a des airs de fin du monde heureuse, point de départ idéal d’un film d’horreur ou d’une comédie romantique, premier baiser de cinéma de centaines de personnages de série. Les milliers d’yeux, qu’ouvre la mer quand elle ondule, sont peut-être coincés là, pauvres spectateurs prisonniers des pires nanards et des best of de la vraie vie. Au bout du ponton, s’achève la route 66. Roulez, jeunesse!

Roulez pour traverser la ville. C’est ainsi qu’on la visite et qu’on la voit le mieux. Le lèche-vitrine aussi se pratique ainsi, depuis le siège de la mustang. C’est Disneyland…Mais au détour d’un bloc, changement de décors.
Plus de sunlights pour les homeless. Des vagabonds qui vivent dans leur caddies de supermarché, traînent leurs fardeau, de babioles et de misère, de Venice Beach à Downtown.  Ils sont attachés à leur grille-pain rouillé ou à leur sèche-cheveux comme si demain matin il allait falloir faire rôtir les tartines et travailler son brushing. Comme si demain était un vrai lendemain. Sécurité matérielle de celui qui ne possède rien. La nuit, certains dorment dans leur caddie, qui forme comme une petite niche, et ils ressemblent à des jouets. Des marchandises eux-mêmes. Cassées. Jetés.

Les american idole n’y sont pas indifférents, mais deux mondes très distincts se croisent, sans se rencontrer. Au bout de la rue c’est le bout de la terre. La quatrième dimension à deux pâtés de maisons. Ceux qui sont restés parmi nous ont réussi. Même si personne ne sait quoi.  Ils vont partout en voiture, et ne marchent jamais mais courent toujours. Institution du jogging oblige. La réussite façon L.A passe par ce parcours quotidien. Et par un sourire aussi blanc que les neiges en haut de Palm Springs.
« Enjoy! it´s ok » that’s what they say…

 

Valériane Des Voiles