Je suis une eau qui marche. 

Je n’avais pas besoin d’être fière car toujours c’est toi qui perds. Je te donne tout. Je suis une eau debout. Un lac bleu et vert, ou une rivière. Dissoute dans les pierres qui jonchent le lit de mon cours, quand je me lève, on dirait une eau debout. 

Je n’avais pas besoin d’être brave, car depuis le début je sais que rien ne m’achève. Les digues en éclats, les terres arides en morceaux, c’est l’écume qui vole, et triomphe. Tu croyais me pêcher comme un poisson d’argent, mais dans tes mains je coule. Je suis une eau qui marche, inexorable, et qui abreuve et qui dépouille, et qui est le temps, goutte à goutte. 

Je suis une eau debout, une eau qui se couche, un pauvre ruisseau, une goutte d’eau. 

Je suis une eau qui dort. Une eau lardée d’or et coiffée de miroirs. Une eau qui mord. Une eau qui marche.

J’ai besoin de tout. Je suis une eau debout. 

Valériane Des Voiles

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