Tu te travestis et je me demande, qui de nous deux, vraiment, se maquille pour être une autre.
Pour sortir de sa coquille; pour exposer sa chair fragile; pour les briser tous deux avant que d’autres ne les abîme. Pour ne pas être enfermé peut-être, mais pour se soumettre plus durement.

Tu te travestis, et je ne sais plus qui de nous deux, sur ce qu’il est, a menti. Car il fallait mentir un peu, tricher beaucoup, pour filer à contre courant. Pour envoyer sur les roses les carcans. « Société tu m’auras pas »…mais derrière chacun de mes pas, elle est là, silencieuse. « Société, tu finiras bien par me lâcher »….mais avant chacune de tes sorties, l’image et son double te figent et t’affligent. Seul et seule, ironie de celui qui est double. Avalanches de clichés, rafales pour jouer, mais souffrances vraies.

Tu te travestis, et sous les faux cils c’est toi qui pleure. Qui rit. Qui vit. C’est toi qui tremble, vibre et agit. Et quand je voudrais dire « merde » je dis « merci ».
Qui se grime? Nos masques, à tous, dansent.
Qui se déguise? Toi parfois. Moi tous les jours. En fille. En femme. En homme. En bête. Une bête.
Qui triche?

Tu te travestis pour être une autre. Mais qu’y puis-je si c’est toujours toi que je vois?
Je me travestis pour être une autre. Et je n’y arrive pas.

L’homme et la femme, doucement se deviennent. L’homme ou la femme en moi, qui pleure, qui rit, qui vit. Le courage ou la faiblesse. L’envie ou l’abandon.

Qu’y puis-je, si je n’y arrive pas?

Valériane Des Voiles

illustration tirée du film « Une nouvelle amie »