Forrest

Forest, ce n’est pas la première fois que je te regarde, ça fait déjà 25 ans que je suis tombé sur toi. Mais cette fois ci était particulière. Je t’ai pris en cours, comme ca, l’air de rien avec aucune envie pré-requise. C’est la puissance même du film de t’attraper le cœur à chaque seconde que s’écoule le périple. C’est l’une des premières fois que je trouve que « Big Fish » a vraiment puisé de Gump pour le ressort épique d’une histoire, celle d’un homme, une vie avec des petites anecdotes qui font de grandes existences. C’est un détail. J’ai cette fois capté une chose que je n’avais pas vu lors des dernières visites en Alabama. C’est peut être en ne voyant que la fin que ca m’a sauté aux yeux. Sa citation m’éclata le cœur, et la rétine de part la prestation de l’artiste. « Jenny, pourquoi tu veux pas m’épouser? Je sais que je ne suis pas très malin, mais je sais ce que c’est l’amour! ». Je l’ai pris comme « tout le monde sait ce que c’est l’amour ». Pourquoi cette vérité si simple est si importante à mes yeux? Je crois que j’ai passé un temps considérable, pratiquement mon existence, à cherche la clé, pour pouvoir droit à l’amour, enfin aimer. Pour atteindre son but devenir parfait, tendre à être parfait. Tout le temps, ne rien laisser dépasser. Savoir un maximum de choses, apprendre, pour ne pas être dépourvu. Évidemment lui démontrer, mon père, que je ne suis pas une merde dénigrée quotidiennement. Tout au long de ma vie j’ai croisé ces regards, qui me montraient un tel dédain. C’était une énergie en fait, à me faire avancer, et je me suis construit en pensant qu’il fallait à chaque seconde prouver, en culture, en étude, en trophées. Un serrage de dents permanent de 25 ans. jusqu’à cet instant ou Forrest a défoncé en toute simplicité. En une phrase découle l’amour, et la sérénité. La clé que je cherchais ne mène à aucune porte, car elle n’existe simplement pas. La quête entreprise il y a des années n’est qu’un prétexte. Tout le monde a droit, et accès au bonheur. Le chercher peut être, mais directement, sans feindre quelconque moyen d’y accéder, comme j’ai fait toutes ces années. J’ai bien sur pleuré, comme je tire ma larme à chaque fois d’ailleurs. J’en viens à me demander si je pleurs de façon spontanée ou parce que je sais que je vais pleurer. Une grand messe qui fait tout le temps le même effet. Une avalanche d’émotions, avec une vérité qui claque à la gueule. J’ai poussé même le vice à chercher la clé de l’amour alors que l’on aime déjà. L’hésitation, et l’inexpérience nous font poser des questions alors que nous connaissons pertinemment la réponse. Tu repères le cycle infernale? On se répète sans cesses les mêmes conneries et on avance pas. On essaie de prouver avec de œillères, comme un buffle foncer. Ne pas voir pour s’ôter la facilité et garder le carburant, la jauge pleine d’animosité et de rancœur, alors j’ai continué. Mais cette simplicité tue tout ça. Mon élan et mon souffle. Ça m’a arrêté. Avec ce film de cons, la simplicité me montre sans rien me dire que je faisais tout cela pour rien. Que la bête continue à s’assoiffer en tuant et ça ne s’arrêtera jamais, à moins de tout connement le décider. Alors comment continue t-on? Simplement? Comment ça fait de rien attendre, de ne plus sentir le goût du sang? Y compris le sien? Rien? Comment éprouve t-on sans attendre? Comment se satisfait-on de seulement éprouver? Je me demande si je vais y arriver à faire face à ce vide, je ne sais même pas si je vais y trouver mon compte. C’est quoi la suite? être là et rien, être ni ravis, ni révolté d’être là. Être en paix avec soi même ressemble pour moi à une mort pour l’instant. Mais il faudra que je respire encore, sinon je ne serai plus. Je pense que ce film n’est pas une incitation au bonheur, mais pointe le temps qui harasse et démonte ce qu’on tricote. Et que toute ma frustration accumulée sur toutes les journées ensoleillées qui ce sont par la suite obscurcies n’inversera ni le cours du temps, ni les décisions. Je n’ai juste qu’à prendre les miennes, sans attendre.

Sam Lebrave