Je jette de manière résolue mon dévolu sur un temps révolu où noël figurait fête à se damner.
On s’adonnait à des repas sans fin, à ripailler jusqu’à plus faim des mets pas surfaits mais surfins, en laissant pour défunts des estomacs refaits.
Souvenir des douces saveurs souveraines célébrant le sauveur ce saint jour de noël: du sapin épicéa au pain d’épice et à d’autres douceurs au sain-doux… Sans dédain je les dépeins et me plais à constater qu’en ces divins moments la diva incontestée était maman.
Elle menait savamment cette soirée d’agréments qui se scellait en nous agréablement. Sur fond de chants sucrés elle nous enchantait avec un cérémonial sacré. D’année en année on rejouait sans rébellion le scénario du réveillon en veillant à ressusciter la joie suscitée la veillée l’an passé.
Arriva tristement le noël du testament. Un long sermon nous fit promettre de ne pas compromettre les traditions à l’avenir en se réunissant comme au passé sans sa présence à présent puisqu’elle aura trépassé.
Depuis, le « jour du sauveur » est devenu un jour sans saveur, juste de l’amertume est de coutume. Plus de repas interminable mais un fatras de tracas minables faute de l’inévitable trépas.
Les noëls passent et nous agacent, gâchés par ce cancer qui seul nous met de concert. La fête a fait place à des têtes défaites faisant face au vide d’une place: celle que jadis occupait la lady du paradis.
Mélodie
