Quand on a l’impression d’avoir sans cesse à donner des coups de clés, se chanfreiner avec des tournevis usagés, y passer des heures et filer le reste à la déchetterie, Que me reste t-il? Des perpétuelles remises en questions de tout ce qui est bancal autour et ce qui va le devenir, comme s’il y avait dans l’entretien un oubli, et dans la réparation un abandon. L’apprentissage, dans une existence où tout est à refaire s’en retrouve bridé et c’est ce qui frustre. Une guerre pour transmettre nos bouts pour que les idées s’installent au diner de la transmission et du savoir. L’apprentissage est-il autant salutaire qu’il nous fait perdre du temps? Le désir est là, indubitablement, s’augmenter. La faille est là, du premier échelon en aucun cas je m’en excuserai, vouloir croitre, cela me submerge, mais quelles étions nos possibilités alors que nous n’étions que planctons? Cela doit rester dans ma mémoire rémanente, car je crois toujours l’être d’une infime partie de moi. Les pieds sur terre comme une richesse, et la tête qui baigne dans le coton, avec une main liée sur le stylo, et l’autre à me démerder dans les champs.

Sam Lebrave

Illustration: Le travail dans les champs de Millet