Que sont ces deux livres?

Les mêmes, identiques, même auteur et même titre. A quoi servent-il? Des pavés de boeuf? Chauds, à peine abattus, on la distille et on la déguste. Qu’il sorte quelque chose de bien de ce sacrifice. De la nourriture pour les gestes essentiels, mais aussi les promesses. Des verbes et des faiblesses. Goûter, en discuter, en espérant que le plat plaise en l’absence de dessert. On ne cherchera pas de sucré dans l’amer, simplement ce qu’il est et on le prend, ou on le donne, à celui dont la satisfaction sera gratuite et naïve, reçue et surtout pas recherchée. Il y aura toujours les charlatans qui exploiteront les viscères, tordues dans le sens des nœuds, et pendues depuis la glotte, ça a du tirer toute sa vie, il faudra en déverser des louanges de miséricordes pour pardonner les gestes des bouchers, et de ceux qui usent l’argenterie. Ils voudrons entreprendre des raccourcis, puis déboucher sur des faits, alors que c’est juste du sang et des boyaux. Gardons cela pour la prochaine guerre, on pourra dire à nos petits enfants qu’on est allé même jusqu’à manger ça, qu’on a aimé, que c’est un met de qualité et qu’ils font les fines bouches. Le livre est livre comme la bête est bête, de la poussière au fond.

C’est un fil conducteur, mais un fil qui n’est pas un. un lien sans les deux êtres qui le tiennent n’en est pas un. Au mieux un ballon vers lequel on regarde le ciel, et ses espérances. Au pire un fardeau, sans boulet, sans chaîne, et surtout sans clé pour déverrouiller tout ça. C’est un coup de ciseau? de couteau et on double l’addition sur l’autel des oublis. Pourtant on veut que rien ne s’assagisse, que de la lecture l’âme vibre, un esprit, une antenne et j’arriverai peut être à détecter, parcourir les fréquences et te trouver, dans les signes et les apostrophes, dans les respirations et les idées qui germent, et le sentiments qui se traduisent des mots qui me parcourent. C’est le « je n’en sais rien » dans les « j’aime à penser », les sons des goûtes d’eau qui tombent dans l’océan, noyées dans le bruit mais ça attire, et les ondes transpirent du banal comme un jet d’encre sur une page blanche, dans le cervelet, dans la matière première, et l’exception devient une évidence dans les doigts inspirés.

Et après cela? L’expérience de celui qui ne cherche pas mais qui trouve? Les résultats et l’analyse? il faudra s’en détacher, le prendre tel qu’il est sans rougir, le publier et capable de le critiquer, pour éviter que ça ne soit vain, et que le même destin ne se déroule pas sur toute la bobine, comme cette larme qui coule sans s’affaiblir. Souffle! Mais fait attention, à ne pas sécher le ruisseau de ton cœur, mais insuffler de la puissance aux voiles de la barque de tes émotions, raconte les, et ne les oublies pas.

Sam Lebrave

Illustration, le bœuf écorché de Soutine