Promenade et joie matinale. Tu es là, dans la Mini-Cooper chère à Renaud, ou dans ta Fiat 500XL, extension de toi, propriété itinérante, propreté apparente sur le pare-brise du bedeau de devant. L’éclat distillé, laissé échappé, nuée par nuée rend pourtant indifférent le plus vicieux des routiers, calée à la mine extérieure et déroutée de tout sens commun, le va-t-en vite et loin à grands coups de zig-zag comme des coups d’épaules impétueux, pare choc à l’appui, violence dans le volant et excès absolu. Écart de conduite, doubler la classe et aller s’encastrer sur la caricature, il ne resta plus de billets, ni pour la culotte, ni pour le far à paupières.

Non loin l’arnaque idéologique des vacances toute l’année, un cabriolet pour aller au taf. Toi même, de marbre tu l’es par les touches de blanc sur ton noir absolu, black edition oblige. Les yeux rivés vers ce qui ne bouge pas, comme détachée, pourtant tu ne vogues pas vers la côte. Tu es comme hypnotisée, et le rouge qui se dépose sur ton teint ne te rend pas plus timide. Chevelure impec’ et couette à quatre épingles, les traits soulignent également les cernes qui n’ont pu être dissimulées, procuration de lever aux aurores sur train de vie de chalut, ma caisse pour un cargo, la file indienne vers le boulot. Le don de soi comme un placage sur le bitume. Tu es belle, là, à ce moment précis et dans ce que tu n’as pu retenir ni parer, et tu questionnes bien malgré toi le fantasme et l’impertinence d’aller au carton de celui qui délire sur ses chant marins en pleine agglomération. Néanmoins à mille lieux tu parais loin, je ne serai pas ton moussaillon.

Why don’t you blow
High-O! Come roll me over

One man to strike the bell
High-O! Come roll me over

Je t’imagine, là, discrète, dans la plus discrète des tôles comme un inaperçu flocon sur un lac givré. Tu fait craquer les sols qui gardaient mes lourdes pattes, je t’apercevrai. Joue blafarde, tignasse en pétard et pourtant attiré, impression d’inachevé que d’être dans la caisse à côté. Rien à foutre dans le rétroviseur et tout un monde dans l’œil. Une singularité mais pas d’orgueil, limite d’implosion, le gênant de mon regard quand nous nous croisons, la honte de l’exécution minable à se taper dans les murs au son de G. Montagné. L’impression est palpable, à la limite de regretter ce qui ne s’est pourtant pas passé, ce qui ne pourra être rattrapé, même à grands coups se Stock Car sur les cancres de la route qui m’enchainent sur la file de gauche, tu as pris la sortie, je t’ai laisser filer.

 

Sam Lebrave