Dans cet article est évoqué ce qui « nous » attire chez les femmes dans ce qui est le plus direct, le rapport au corps, à la peau, le charnel, de ce qui rend fou, excite ou nous fait sombrer en perdition. Aussi, peu importe qui est « nous », vous avez le droit de ne pas être dans ce lot là, cet article a surtout pour but de réhabiliter ce « nous » qui a du mal à s’affirmer, à se faire respecter.

Il ne suffit que d’un adjectif, qui, quand il est mal choisi, mal utilisé, ou n’existe pas, creuse un fossé énorme dans le terreau fertile de la norme des canons de la beauté féminine. Sans être alarmiste je dois concéder un point à nos amis anglophones, qui ont su sortir un adjectif ces dernières années, un qui vient étoffer la liste,  pour dépoussiérer ce qui caractérise une belle femme, une parmi toutes les autres, elle se démarque, elle s’affirme et assume, « curvy girl ».

Nous avons bien les « pulpeuses », les « voluptueuses ». Quoique quasiment désuets, il est néanmoins nécessaire de les garder, il serait destructeur de s’enlever des armes, tant la lutte peut être intense. Le mal n’est pas là, nos aïeux ont chanté ces corps à leurs manières. Le mal est dans tout ce qui accompagne de nos jours les qualificatifs usités. Oser afficher son intérêt sans provoquer l’humour, la suspicion de perversion ou même l’écœurement est un grand pas qui mérite d’être tenté. Ce sont trois angles par lesquelles les attaques se propagent. Cette liste n’est pas exhaustive, ce sont ici quelques exemples, l’illustration d’un propos, d’un coup de gueule, pas une démonstration.

L’humour est facile, pernicieux et exclusif. Ah!!! La norme, elle a encore bon dos, je m’attarde sur ceux qui l’appliquent sans réfléchir comme obéissant aux ordres les plus immoraux. Sortir de cette norme, c’est se confronter aux adjectifs actuels qui sont utilisés de telle sorte qu’ils éveillent systématiquement les sourires, et surtout ne transcrivent pas du tout au final le sentiment escompté. La culture, les morphotypes, ces découpages déshumanisés nous imposent la « ronde », la « généreuse », la « bien en chair », tout ça n’a rien à voir avec la beauté, et font passer aux oubliettes toutes les émotions et l’idée principale, l’attirance physique. La langue française ne nous aide pas beaucoup, elle si naturellement florissante, tant s’essayer à un qualificatif est risqué. Un  écart de langage et c’est être relégué dans une seconde catégorie, un second rang qui ne serait pas sérieux, toujours cette désinvolture susjacente. Il y a des tentatives pour donner un peu de piment, l’air du temps est revenu vers un autre adjectif, « burlesque », un camouflet, une impasse où nous n’assumons rien, nous si prompt à se tourner vers le burlesque, bien évidemment pour en rigoler, pas pour bander. Un désastre des mots, un mouchoir sur ses émotions.

L’écœurement doit être souligné, il va au delà de toute ma considération sur l’ être humain, si prompts à la malveillance. Dans ce cas là les qualificatifs ne manquent pas, la langue française peut aussi être injuste. Cette manière de démontrer allègrement son dédain vis à vis du corps que l’on apprécie pas, de le brailler pour mieux le revêtir, me dégoûte profondément. Il y a là une stagnation ancestrale dans ce rapport au corps. La dénonciation est permise, acceptée. Un jugement expéditif de la minorité visible, mettre au pilori ou sur le bûcher un corps qui choque et qui leur fait honte. Nous le savons bien, quand une minorité impose et dicte, une révolution reste à mener.

Enfin l’amateur vient aussi à être jugé, aimer un tel corps, une signe flagrant de déviance. Ceux qui se délectent, trempent volontiers leurs yeux et n’en perdent pas une goutte. Les fantasmer s’apparente dans l’imaginaire collectif à de la folie, quelque chose de malsain à plusieurs égards, apprécier ce qui est culturellement banni est motif de bannissement. Il m’a fallu des années pour oser affronter les regards béats de ceux qui ne comprenaient pas. Je suis allé jusqu’à dévier mes yeux de ce que ma boussole pointait, je me suis tut quand mes pensées érotiques étaient pour celle qui était fustigée, attisant par la même occasion un feu que j’aurai volontiers éteint. Je ne veux pas me jeter la pierre, juste démontrer que le courage n’est pas inné, il s’est construit tant l’amer venait à mon nez. Pas de victoire sans oser, oser plaire et oser regarder, oser le bon mot, pour la glorifier.

Trouver un nouvel adjectif aurait le mérite de réhabiliter ceux précédemment cités, il dénoterait un changement dans les mentalités.

Je ne veux pas franciser le « curvy », mais une fille « courbelle », ça aurait de l’allure, tant elle en a, tant elle me possède. De plus il ne serait pas exclusif, car une courbe est une courbe, non cantonnée à un niveau d’appréciation, elle n’a pas de minimum, ni de maximum, elle sublime. La courbe a le mérite d’être perçue dans chaque œil qui veut bien la flatter, alors flattons!!!

Sam Lebrave

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  • Courbelle me semble une très jolie invention!!! On réduit trop, en effet, la courbe au rond, pour mieux enfermer sans doute ce qui en elle court! Et surtout le rond est un mot bien masculin (ne le prenez pas mal messieurs!), bien fini et précis, tandis que la courbe, féminine et vague, laisse à la rêverie toute sa place…
    (Big up à l’occasion pour Bachelard et sa « poétique de la rêverie » qui vous expliquerait bien mieux que moi l’importance du genre des mots)