Chanson de geste

C’est avec soin que je veux parfaire le reste de mon existence. Se soustraire au chaos et à l’approximatif. Des grossièretés au centimètre, pour la précision on repassera. Ne plus les compter. Ciseler le monde pour l’adoucir, en fait égoïstement adoucir mon esprit. Manier chaque ustensile à ma portée comme si je le caressais. Loin du cruel et du chantre, du placardé et de l’obscène, avec tout l’art de la délicatesse. Te poncer pour te magnifier. Équilibre et force opposés à ce qui est transmis, puis reçu, puis remercié, mutuellement s’apaiser. Fermer les yeux et soupirer, retrouver dans le reflet du métal son jardin, dans le bruit blanc la cadence et dans l’achevé le repos. Ne pas brusquer le geste, regarder sciemment où il va, et qui il touchera. Impression de certitude, qui n’est pas le savoir, dans nos âmes, elle est seulement arpentée, parfois à genou, humblement. Désir qu’on me laisse faire, parler, écrire et coder. Danser, et chuchoter les soupirs comme si je les étirais à l’avenir. Peut être deviendront ils des voeux dans la nuit, ou des cris dans l’abyme.

Sam Lebrave