Les bras de M. s’ouvrent mais jamais ne se referment. dans un grand mouvement, ils prennent. Mais dans une petite crainte, du bout des doigts, ils doutent. Saisir vraiment, ce serait comprimer les artères, arrêter un moment les fluides, et risquer de briser l’objet. Saisir vraiment ce serait comme accepter de comprendre (« Comprendre ; toujours comprendre! Moi, je ne veux pas comprendre.* »), ce serait, peut-être, renoncer au désir. Ce serait en tout cas accepter de finir ce que l’on aurait commencer.

Les bras de M. se désarticulent, cassés, doux, tordus. Blancs et durs. Ce sont des bras pour broyer le noir, pour briller un peu, en couronne. Et puis se sont des bras pour s’écarter. Ce sont des bras en veine, pour s’ouvrir et s’étirer, pour s’écarter en grand et montrer au dehors ce qu’il y a dedans. Ils ressemblent à une petite boîte dans laquelle on aurait enfermé un secret sans importance: un coquillage et une plume bleu.

Les bras de M. s’arrêtent une seconde avant de tout casser. ils craignent la vérité lorsqu’elle s’arrête. Si tout s’arrêtait? S’ils passaient au travers et faisaient de vous un hologramme?

Un coude en cailloux, une bille au poignet, des bras qui roulent et qui refluent, qui s’ouvrent, mais ne se referment pas.

Valériane Des Voiles

illustration: Photographie d’une oeuvre de Rodin

*Antigone