A la vie à la mort

Je ne pourrai éternellement esquiver le moment de m’excuser.
Un vain pardon pour l’abandon de ce divin don.
Je suis si désolée si tu savais…

Un état de grâce qui pourtant m’a tant glacé le sang.
Tout ne devait être que liesse et pourtant…
Elle a fait place à l’indécence des sentiments avilis pour cette vie qui jaillit.

Le silence du néant indicible se créé immédiatement en mon sein.
On transforme une joie indescriptible en des maux inacceptables.

Esseulée, sans l’ombre d’un salut ni l’impression d’une issue ici bas
maintenant commence le chemin de croix.
Avant tout vérifier qu’il y a bien la vie pour pouvoir donner la mort.
A tort ou à raison, j’en perdrai quoi qu’il en soit la raison.

Je pâtis de quelques âmes compatissantes qui m’infligent d’affligeantes affabulations.
« Etre avec moi par la pensé » va t-il me déposséder de la douleur d’un tel procédé?
Pourquoi promettre « ça va aller » si je n’ai point décidé de me le permettre?
Cette douleur qui est mienne ils peinent à l’imaginer, je ne peux le reprocher.

Entourée par le brouhaha assourdissant des rats environnants si insouciants
je ne perçois que les aléas de ma respiration.
Elle est dense comme l’air épais d’un trop chaud été.

Et si je tends l’oreille, il me semble presque entendre imperceptiblement des battements.
Mon coeur ou le tiens qui s’anime timidement.
Ils ne battrons jamais à l’unisson et après l’unique son qui me sera donné d’entendre sera celui du vide naissant.

Au creux de ma main on dépose les cachets qui demain mettrons fin à ce dessein.
On a choisi un autre destin, alors pourquoi vouloir m’enfuir comme après un pauvre larcin?
Peu fière je m’affaire à porter sans ciller les comprimés lourds de plusieurs livres à mes lèvres.
Effrayée, je sens qu’ils se frayent un passage dans ma gorge resserrée.

Je ne peux m’empêcher de penser: que suis-je en train de m’infliger?
La souffrance qui s’opère dans mon corps va de paire avec celle de mon coeur.
Je l’accueille avec humilité, humidifiée par les larmes perlées qui parsèment le sol sous mon Etre flagellé.

De ma propre main ce n’est pas seulement ta vie que je vais ôter
mais la mienne que je vais salement amputer.
Les flots de larmes qui vont couler suffiront-ils à nettoyer la souillure du sang versé?

Toi, ce mini-moi de la taille d’un petit pois,
c’est un tout petit bout de chemin que nous aurons parcouru ensemble,
non pas main dans la main mais graine en mon sein.
On va s’arrêter là et j’en suis désolée.

A jamais j’imaginerai de quelle manière tu aurais pu germer
et je ne pourrai me convaincre que tu n’aurais juste pas dû exister.
En tout cas, qui aurait pu le penser?
C’est insensé mais ce petit pois là, moi, je l’ai aimé.

Mélodie

Author Melodie

Dans Un monde ou le pipeau est couramment parlé, c’est une Melodie désenchantée qui vient ici se représenter. Vous trouverez quelques épisodes choisis du livret de sa vie: de l’ivresse à l’ivraie, sans entracte mais livré non sans trac. Certaines allitérations lui vaudront bien des altercations, veuillez donc rajouter quelques altérations: des bémols aux mots parfois rebelles qui ne feront peut être pas une Melodie du bonheur mais proposeront une prosodie à toute heure!

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